LE LAC ET SES INSTALLATIONS
       


      Le Lac du Sautet est un lieu privilégié pour les vacanciers à la recherche de nature et une base idéale pour la pratique des activités nautiques.
      De nombreuses activités autour de ce plan d'eau attirent un public diversifié : pêche, baignade (surveillée en été), canotage et farniente vous attendent dans ce lieu idyllique.

      La Base nautique du Sautet vous accueillera de juin à mi-septembre pour des randonnées en kayak de mer, en bateau electro-solaire de 25 places, ou en bateau électrique (sans permis) de 5 personnes, pour visiter les gorges de la Souloise et ses superbes strates géologiques.
      Cette base, en plus d’un camping, de location de chalets, d’un bar et d’un restaurant propose un espace aquatique pour les petits (et grands).
      Venez vivre des sensations fortes au Belvedère du Sautet (2 vias ferrata, 1 tyrolienne, 1 via d'initiation...)


      LE BARRAGE DU SAUTET


      Le barrage du Sautet est le premier en amont du Drac. Le lac recueille les eaux d’un important bassin versant de 101800 hectares. Le barrage en lui-même occupe une position stratégique puisqu’il est au niveau d’un ancien verrou glaciaire très étroit dans le canyon du Drac.
      (photo 52 : le lac du Sautet vu du ciel)
      Le rôle du barrage est prépondérant dans la gestion du débit du Drac puisque, étant le premier, il régule les apports d’eau pour tous les barrages suivants. Cette gestion devrait cependant faire l’objet d’un compromis entre les impératifs de production d’électricité et les considérations touristiques : lorsque les apports d’eau sont relativement faibles en début d’année, la centrale continue de tourner pendant l’été, et il est souvent délicat de maintenir une hauteur d’eau suffisante pour assurer pleinement les activités touristiques.



      HISTORIQUE DE LA CONSTRUCTION

      Au lendemain du premier conflit mondial et jusqu’en 1940, la situation socio-économique de la France était très instable. Il fallait relancer les organismes de production qui s’enlisaient. Le développement de la production de la Houille Blanche est apparu comme un moyen d’accroître le dynamisme économique de la France.

      La découverte du canyon du Sautet en 1921 par monsieur Dusaugey permit la création de cette retenue d’eau. Ce magnifique canyon, d’une profondeur de 200 mètres et d’une longueur d’environ un kilomètre se prêtait parfaitement à la construction d’un barrage de grande hauteur, capable de créer dans la cuvette de Saint Brême un lac de 350 hectares et d’une capacité de 130 millions de mètres cubes.
      Du point de vue administratif, la création d’un lac de 350 hectares s’étendant sur deux départements et neuf communes, se heurtait à des difficultés considérables, non seulement du fait des voies de communication et des ouvrages d’art à établir, mais surtout du fait de l’existence dans la future cuvette du réservoir d’une chute, dite du Pont du Loup, construite par l’état en vue de l’alimentation du chemin de fer de La Mure à Gap, déjà presque entièrement terminée, et dont il fallait obtenir la suppression et l’incorporation dans le nouveau plan d’aménagement.
      L’ouvrage a une forme de voûte et c’est le 1er à avoir été construit ainsi. A sa base, en aval, sera construite l’usine génératrice placée en travers de la gorge et dont une partie reposerait sur le pont, l’autre partie étant souterraine. Pour y accéder, un puits équipé d’ascenseurs sera construit à l’intérieur de la masse rocheuse. L’ancien pont suspendu du Sautet fut noyé et remplacé par un pont en béton armé dès 1928.
      La première pierre du barrage fut posée au printemps 1927. Le programme comportait alors non seulement la construction du barrage du Sautet, mais aussi l’aménagement des trois chutes du Sautet, de Cordéac et de Saint Pierre. La production annuelle de l’ensemble, y compris l’appoint de la chute de la Bonne inférieure, était estimée à 400 millions de kilowatts/heure. Suite à un accord conclu en 1926, la compagnie Pechiney s’engageait à prendre entièrement à sa charge le financement du programme Forces Motrices Bonne et Drac, et d’en poursuivre l’exécution dès 1930. Ainsi, l’avenir du barrage était assuré. La première opération consista à mettre à sec le lit du Drac sur toute la longueur nécessaire aux travaux. Une galerie de 380 mètres de long sur 6 mètres de large fut creusée sur la rive droite du torrent, permettant la construction du socle du barrage. La deuxième opération fut la construction d’une chambre d’auscultation à l’intérieur de la masse bétonnée, afin de permettre à tout instant le relevé des mesures de pression hydrostatique, de température et de tension du béton. Pour assurer l’évacuation des eaux en cas de crue, tout un système de vidange fut également prévu.
      La construction d’un tel ouvrage allait non seulement modifier irrémédiablement le paysage, mais également bouleverser la vie de Corps et celle des communes environnantes, autant sur le plan social qu’économique.
      A cette époque, le bourg de Corps vivait de son agriculture. L’excellente fertilité des terres, héritée de la fonte glaciaire, avait valu à la vallée du Drac le surnom de « petit paradis » ou « petit Nice ». Les terres bordant le Drac étaient partagées entre les corpatus et les habitants des villages de Saint Brême et Le Perrier, qui allaient perdre leur vallée avec la construction du barrage. Mais la période de construction fut faste pour les habitants : il fallait en effet loger les centaines d’ouvriers étrangers qui venaient aider la main d’œuvre locale. Des espagnols et des italiens participaient aux différents chantiers. De nombreuses écoles et commerces furent ouverts pour répondre aux besoins de la population croissante. Les villages de Saint Brême et Le Perrier furent engloutis sous les eaux.
      Le réservoir du Sautet fut mis en eau au printemps 1935. Quatorze années s’étaient écoulées depuis la découverte du canyon, les dix premières avaient été consacrées à l’élaboration des différents projets et aux études financières, les quatre dernières à la construction des équipements.
      L’usine est souterraine et se situe au pied du barrage : il existe donc un puits d’accès pour y parvenir. Un débit de 90 m3/s peut être absorbé quand le réservoir est à sa cote maximale. L’équipement permet une production de 175 millions de kWh par an, avec une puissance maximale de 76000 kW.
      L’alimentation en eau de chaque turbine est assurée par deux énormes tuyaux coniques inclinés. Le fonctionnement des groupes est effectué par calculateur depuis un poste de commande hydraulique situé à Lyon. La salle des commandes du barrage permet de surveiller le bon fonctionnement des machines. En cas d’urgence, le personnel d’exploitation travaillant sur le site peut intervenir et modifier le fonctionnement du barrage.




      LA TRAGEDIE DU SAUTET LE 16 SEPTEMBRE 1945

      C’était fête ce dimanche à Ambel. Pour les gens de Corps, une agréable occasion d’aller rire un brin, danser et trinquer en famille ou entre amis. A la tombée de la nuit, on revenait joyeux, par petits groupes. Le passeur était bon prince : il entassait son monde dans l’embarcation qui assurait la traversée du lac. Une trentaine de personnes montèrent alors que la vedette ne pouvait en contenir seulement une quinzaine. Un retardataire se présenta et sauta sur la plate-forme arrière. Tous les passagers debout trébuchèrent, roulèrent du même côté. Le bateau brusquement, en moins de dix secondes, leva sa quille en l’air, puis s’enfonça dans le gouffre comme une pierre. Serrées les unes contre les autres, les malheureuses victimes ne purent faire un geste pour se dégager. Elles périrent asphyxiées dans leur prison qui devint leur cercueil. Parmi les 20 victimes, 10 enfants. Une dizaine de personnes furent sauvées. Madame Gabrielle Moussier, née Gabert, rescapée de la catastrophe, se souvient : « Ce 16 septembre 1945, c’était la kermesse à Ambel. Pour faire la fête, il fallait descendre à pied au lac, prendre le bac pour traverser, et monter à Ambel à pied. Au retour, le bac n’était pas là. Le passeur avait fait la traversée avec une grosse barque à l’intérieur de laquelle les gens s’entassèrent. J’avais l’impression que personne n’était assis. Pour entrer, il y avait une porte à deux vantaux difficile à manœuvrer. La barque pleine, les derniers arrivants autorisés à monter restèrent à l’extérieur. J’étais debout contre des cuves. La barque surchargée avait l’air instable, elle démarre et quitte doucement le quai d’embarquement. Il devait être près de 18 heures, la pénombre commençait à tomber sur le lac. Un retardataire arrive en courant. La barque n’est pas assez loin, il peut sauter. Lorsqu’il atterrit sur le bord, la barque est déséquilibrée, et aussitôt, elle se renverse. Elle se trouvait près du bord, mais les portes à vantaux ont empêché la sortie des gens entassés à l’intérieur. A l’extérieur, nous avons été projetés dans l’eau. Nous étions 7 ou 8 avec une grande majorité à ne pas savoir nager. J’ai bu la tasse trois fois, et soudain, un monsieur m’a récupéré par la tête et nous a ramenés jusqu’à la rive. Je dis « nous » parce qu’un jeune garçon m’avait agrippée par le cou. »

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